On s’affronte… et eux regardent

Une réflexion sincère sur la guerre hommes/femmes et son impact sur nos enfants. Comment nos paroles façonnent leur avenir… et la trace que nous leur laissons.

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11/16/20255 min temps de lecture

L’autre jour, je suis tombée sur une série de stories partagées par La Villageoise. Parmi elles, il y en avait une qui m’a profondément percutée. Une sœur parlait de l’importance de l’éducation de nos enfants, de la trace qu’on va laisser derrière nous… et surtout du climat dans lequel ils grandissent aujourd’hui. Elle disait que demain, ce sera eux qui porteront notre dîn, nos valeurs, notre héritage. Et pourtant, regardez un peu l’ambiance dans laquelle on les élève.

D’un côté, on entend que “les hommes ne sont plus capables”, que les femmes doivent assumer les deux rôles. De l’autre, que “les femmes d’aujourd’hui ne valent plus rien”. Et au milieu, une espèce de guerre froide qui s’installe. Chacun se renvoie les torts, chacun se justifie, chacun accuse. Et pendant qu’on règle nos comptes, ce sont nos enfants qui encaissent.

Cette story m’a vraiment touchée. Elle m’a rappelé que nos enfants restent une amana, qu’on soit mariée, divorcée, maman solo ou entre deux reconstructions. Qu’un jour, oui, on sera interrogés sur ce qu’on leur a transmis ou pas. Ça m’a donné envie d’écrire, parce que je crois qu’on a besoin, collectivement, de faire une vraie introspection. Pas pour savoir qui a raison ou qui a tort, mais pour se souvenir de ce que l’Islam nous enseigne… et du rôle immense qu’on a entre les mains.

Depuis quelques années, je vois cette froideur entre hommes et femmes s’installer et s’aggraver. Une tension permanente, presque silencieuse, mais bien présente. On parle de droits, de devoirs, de responsabilités… mais on oublie qu’il y a un miroir qui nous observe en permanence : nos enfants. Leur comportement, leurs émotions, leur façon de voir le monde se construisent à travers ce qu’ils voient en nous.

On aime dire que la mère est le premier pilier du foyer, et c’est vrai. L’histoire nous montre que derrière chaque grand homme, il y a souvent une femme, et très souvent une mère. Une mère qui éduque, qui façonne, qui transmet. Mais cela ne retire rien au rôle essentiel du père. Le père apporte un autre pilier : celui du courage, du leadership, du sens des responsabilités. Les enfants, surtout les garçons ont besoin de voir un homme qui se tient debout, qui protège, qui assume, qui fait face. Pas quelqu’un qui fuit ses problèmes, ni quelqu’un qui se cache derrière des excuses. L’exemple qu’un père donne à ses enfants est une empreinte qui les suit toute leur vie.

Et pourtant, aujourd’hui, ce qui me choque le plus n’est pas la dispute en elle-même. Le vrai danger n’est pas la tension entre hommes et femmes. C’est qu’on a oublié qu’on appartenait à la même ummah, et qu’on s’affronte comme si on était deux camps rivaux. Pendant qu’on essaie de savoir qui souffre le plus, qui donne le plus, qui mérite le plus… nos enfants apprennent à travers nous. Ils absorbent les discours, les remarques glissées “en passant”, les vidéos qu’on partage en rigolant, les clichés qu’on normalise sans même s’en rendre compte.

Un enfant n’a pas besoin qu’on lui fasse un long discours pour comprendre. Il observe. Il écoute. Il ressent. Et il imite. Quand il entend sa mère dire que les hommes sont inutiles, il enregistre. Quand il entend son père dire que les femmes ne valent rien, il enregistre. Quand il voit ses parents se déchirer, il enregistre. Quand il voit ses parents se respecter, il enregistre aussi. Et plus tard, il ressortira tout ça, parfois sans même comprendre d’où ça vient.

C’est ce qui m’inquiète le plus. Je peux faire de mon mieux dans mon foyer, essayer de cadrer, d’éduquer, de transmettre. Mais mes enfants ne grandissent pas dans une bulle. Ils évoluent dans une société où l’effort fait peur, où la facilité nous ramollit, où les réseaux projettent des modèles faussés. Une société où les valeurs se perdent. Et quand je pense à mes fils, à ce qu’ils vont devenir, à la femme qu’ils ramèneront un jour à la maison… oui, ça me fait peur. Pas une peur paniquée. Une peur lucide.

Mais je ne suis pas fataliste. Je sais que dans notre communauté, il y a des hommes magnifiques, Allahouma barik, des femmes incroyables, des valeurs qui subsistent encore. Le problème, ce n’est pas l’absence de bien. C’est le bruit du mauvais qui prend trop de place.

Et ce bruit, on le nourrit parfois sans s’en rendre compte. Une blague déplacée, un cliché partagé, un commentaire amer. Ces petites choses qui semblent anodines mais qui, mises bout à bout, nourrissent un climat de méfiance, de rancœur, de division. On ne choisit pas les blessures qu’on reçoit, mais on choisit ce qu’on en fait. Et surtout : on choisit ce qu’on transmet.

Ce que nos enfants ont besoin d’hériter, ce n’est pas notre amertume. C’est nos valeurs. Pas notre colère. Mais notre intelligence émotionnelle. Pas notre rancœur. Mais nos leçons. La loyauté. L’esprit d’équipe dans le mariage. Le respect. La capacité à reconnaître ses défauts. La volonté de s’améliorer. Le dialogue sincère. La patience. Et le fait de comprendre qu’on ne peut pas construire un foyer solide sans communication réelle.

Un jour, les enfants deviennent assez grands pour comprendre. Alors oui, il y a une forme de prévention qui devient nécessaire. Pas pour leur transmettre nos souffrances, mais pour leur transmettre nos apprentissages. Pour leur dire : « Voilà ce que j’ai compris de la vie. Voilà ce que j’aurais aimé savoir avant. Voilà ce que je veux te laisser comme héritage. » C’est ça, être parent. C’est offrir à nos enfants ce qu’on n’a pas reçu, ce qu’on a appris dans la douleur ou dans l’expérience.

Nos enfants sont des éponges. Des miroirs. Ils reflètent ce qu’ils voient. Ils propagent ce qu’ils absorbent. Ils grandiront avec ce qu’on aura mis dans leur cœur : la paix ou la colère, la confiance ou la méfiance, la douceur ou l’acidité. Et un jour, ce sont eux qui transmettront tout ça à leurs propres enfants.

C’est pour ça qu’il faut vraiment prendre le temps de s’arrêter, de se regarder en face, de mettre l’ego de côté. De se demander : qu’est-ce que je veux vraiment laisser sur cette terre ? Qu’est-ce que je veux que mes enfants retiennent de moi ? Qu’est-ce qu’ils vont propager dans leurs relations futures par ma cause ?

On ne maîtrise pas tout. On ne maîtrise pas leur destin. On ne maîtrise pas ce qu’ils deviendront. Mais on maîtrise ce que nous, on met dans leur cœur aujourd’hui. Nos paroles. Nos exemples. Notre adab. Notre manière d’aimer, d’écouter, de pardonner, de réparer.

Nos enfants sont notre trace. Notre sadaqa jariya. Et si ce texte te parle, si quelque part il te touche ou te secoue un peu, partage-le. Peut-être qu’il éveillera une réflexion chez quelqu’un. Peut-être qu’il apaisera un cœur. Peut-être qu’il changera une intention.

Et si tu veux aller plus loin dans cette réflexion sur l’éducation, le mariage, les fondations qui construisent une génération solide j’ai ajouté dans ma librairie des ouvrages qui abordent ces sujets avec sagesse et profondeur. Tu peux les retrouver juste ici.

“On veut gagner nos disputes… ...mais on perd nos enfants.”